#FreeJérémy Action devant la taule & assemblée de solidarité. La mobilisation s’amplifie !

Compte-rendu des événements de ces derniers jours.

Vendredi 21 avril, à 9h, une joyeuse équipe de personnes solidaires se sont rassemblées devant la prison genevoise de Champ-Dollon. Le but état de souhaiter un bon anniversaire à notre compagnon de lutte Jérémy*, qui fêtait ses 23 ans en détention provisoire.

Pour rappel, Jérémy* est accusé d’avoir détruit des véhicules du géant du ciment Lafarge-Holcim en janvier 2022 à Sézegnin (GE). Il a été arrêté le 15 mars dernier à Genève, où il réside. A la mi-avril, la “justice” a choisi de prolonger jusqu’en juin sa détention, en faisant même fuiter cette décision dans la presse avant même que l’avocat puisse en informer les parents ! Cette détention pourrait encore être prolongée et la justice semble vouloir faire traîner le dossier, raison pour laquelle la mobilisation doit se poursuivre !

Ce jour-là, le petit cortège a traversé le parking des visites de Champ-Dollon, et s’est dirigé vers l’aile Est de la prison, juste à côté de la Favra, prison plus petite et réservée aux personne sans titres de séjour (équivalent des CRA français). Un jeune homme d’origine tunisienne s’est suicidé là-bas il y a deux semaines [1].

Sous une banderole “Joyeux anniversaire”, le cortège a entonné des chants, des slogans et même fait un lâcher de ballons. Des cris de solidarité ont été échangés avec des prisonniers de Champ-Dollon et de la Favra aux fenêtres.

Une demi-douzaine de matons sont montés sur les coursives de Champ-Dollon et de la Brenaz [La Brenaz est une prison à côté de Champ-Dollon pour l’exécution de longues peines] pour observer cette scène plutôt inhabituelle.

Une voiture de police est arrivée 15mn après le début du rassemblement et a empêché l’équipe de rebrousser chemin “jusqu’à l’arrivée du commissaire”. Une fois celui-ci arrivé, il a parlementé avec quelques proches avant de prendre l’identité de deux d’entre nous, puis enfin de nous laisser partir.
Si l’état d’une société se reconnaît à l’état de ses prisons on peut sans nul doute dire que Genève est une belle m**** !

Assemblée de solidarité à la Maison des associations
Autre événement à mentionner, une réunion de solidarité du comité de soutien a été organisée le jeudi 27 avril à la Maison des associations.

Un premier bilan a été dressé en insistant à la fois sur les procédures de recours juridiques de Jérémy* et sur l’impérieuse nécessité de se mobiliser de l’extérieur pour le soutenir.

La parole a ensuite été donnée à l’assistance et plusieurs interventions de personnalités liées au mouvement social et écologiste ont eu lieu.

L’ancienne conseillère nationale Anne Mahrer (Vert-e-s) a assuré, à titre individuel, son soutien à Jérémy*. Elle fait partie d’un groupe, les Ainées pour la protection du climat, qui regroupe des femmes âgées (moyenne : 73 ans) dénonçant l’inaction des autorités face au changement climatique. Elles mènent leur lutte sur le front judiciaire en essayant de faire condamner l’Etat suisse pour atteinte à leur droit à la vie et à la santé.

La mère de Jérémy* a pris la parole pour insister sur les incohérences du dossier. La mise en détention de Jérémy* est aujourd’hui décrite comme urgente par le ministère public alors que le mandat d’arrêt avait été émis 9 mois avant son arrestation…

La députée vaudoise Mathilde Marendaz (Ensemble à Gauche) a parlé de son expérience à la Zad de la Colline et dans l’arène institutionnelle. Elle a pointé les insuffisances des bases légales actuelles, qui ne ciblent pas les responsables du chaos climatique. L’initiative multinationales responsables a été refusée par le corps électoral en 2020 au terme d’une campagne biaisée et inégale. Elle se sent touchée par la situation de Jérémy* car cela montre bien où se trouve la priorité des autorités : mettre en prison les personnes engagées dans la lutte pour préserver le vivant. Le mouvement climat a tout essayé, comment s’étonner que dans la situation actuelle on veuille mettre à l’arrêt ces entreprises toutes-puissantes ? Pour elle ce n’ est pas contradictoire d’ être élue et de comprendre de tels gestes, ce n’est pas du côté de ces tentatives que se trouve le mépris de la démocratie mais dans le fait que les entreprises telles que Lafarge-Holcim sont au dessus de toute forme de régulation par le peuple. Elle s’inquiète aussi de la reprise de la rhétorique de “l’éco-terrorisme” par les autorités et les médias. Il s’agit d’une attaque odieuse envers les individus et mouvements qui cherchent à préserver les biens communs aujourd’hui en péril, et d’inverser la responsabilité. Les criminels climatiques sont bien les multinationales dénoncées.

Un membre de la Jeunesse socialiste genevoise et une membre du comité directeur du Parti socialiste genevois ont ensuite pris la parole pour dire que la demande de libération de Jérémy* était pleinement soutenue.

Puis, Téo Frei de SolidaritéS a assuré l’assemblée de son soutien et a proposé des pistes pour que le Conseil d’Etat genevois (pouvoir exécutif) soit interrogé sur le cas de Jérémy* et le rôle de la police là-dedans.

Le collectif “Contre-Attaque et Autonomie” a ensuite pris la parole pour parler du parcours de lutte lié à la Zad de la Colline et a défendu les actions symboliques contre les golfs en Suisse romande.

Un cinéaste et enseignant a ensuite pris la parole, suivi d’une lecture d’un message d’Olivier de Marcellus, cofondateur de Breakfree qui intervenait ici à titre individuel en rappelant qu’il y a 30 ans, il se trouvait dans la même situation que Jérémy* et qu’il sait combien la solidarité à l’extérieur aide à tenir le coup. Nous citons son propos in extenso. “La défense de Jérémy* devrait essentiellement attaquer le refus de la majorité de la classe politique d’écouter les mouvements de masse, les actions de désobéissance civile – ou même les sondages d’opinion qui montrent que la population prend bien plus au sérieux la question climatique que l’UDC ou le PLR [principaux partis de la droite conservatrice suisse qui dominent la vie politique]. Ce refus obtus et rigide, et la répression des actions publiques ne peut que désespérer les personnes les plus engagées et conscientes des enjeux. Dans de telles situations, il est inévitable et logique que des personnes aient recours à l’action clandestine et au sabotage en invoquant le droit à la légitime défense de notre avenir commun. Il faudrait aussi faire le lien avec les sabotages d’équipements de neige artificielle qui ont commencé dans cette même période, pour faire comprendre que c’est une réaction du mouvement social à l’impasse actuelle, pas une initiative individuelle – et qui n’a strictement rien à voir avec le”vandalisme“. Une accusation aussi fausse et calomnieuse ne peut avoir aucune légitimité comme base d’accusation. Elle ne montre, ici encore, que l’obstination du pouvoir et se détermination de réprimer toutes les manifestations du mouvement. Peu importe que ce soit Jérémy* ou un autre, il faut faire peur !”**

La discussion s’est ouverte sur la suite de la mobilisation et il a été décidé d’organiser une manifestation en solidarité à Jérémy* à Genève le vendredi 2 juin prochain. Faites tourner cette date et à bientôt dans la rue !

Comité Free Jérémy
freejeremy@riseup.net
Instagram @free_jeremy_

** Dans la suite du message qui n’a pas pu être lu par erreur, il déclarait “c’est important d’insérer les actes de sabotage dans la situation de frustration et de désespérance du mouvement plus général. Le sabotage, qui n’y a pas pensé ?”

Chronologie

17 octobre 2020 : début de la Zad de la Colline à Eclepens (VD).

30 mars 2021 évacuation de la Zad de la Colline par une armada de policiers.

3-4 janvier 2022 : Sabotage dans la carrière de Lafarge-Holcim à Sézegnin (GE). Un communiqué anonyme est posté sur la plateforme Renversé.

17-24 janvier 2022 : premiers procès des zadistes à Nyon (VD). Les militantexs ont été libérés de la plupart des accusations, mais le Ministère public a fait appel dans certains cas.

Juin 2022 : La justice émet un mandat d’arrêt contre Jérémy sur la base de son profil ADN, mais il n’est pas exécuté et on ne sait pas pourquoi.

15 mars 2023 : Arrestation de Jérémy, la procureure en charge du dossier le met en détention provisoire.

13 avril 2023 : Rassemblement devant le Palais de justice organisé par le comité Free Jérémy.

14 avril 2023 : La Chambre pénale d’appel et de révision rejette sa demande de remise en liberté. Recours au Tribunal fédéral.