Liberté pour Jérémy*! – Prise de parole du comité de soutien lors du rassemblement du 13 avril 2023

Jérémy* a  été arrêté le 15 mars dernier près de son domicile. Il était sous mandat d’arrêt depuis plusieurs mois. La police a perquisitionné son domicile et emporté son ordinateur, son téléphone ainsi que plusieurs clés USB. Jérémy* a ensuite rapidement été placé en détention préventive à la prison de Champ-Dollon.

La justice l’accuse d’avoir incendié deux véhicules et saboté des machines de chantier dans la gravière de Sézegnin, appartenant au géant mondial du ciment Lafarge-Holcim. Jérémy* est donc incarcéré à Champ-Dollon depuis environ un mois.

Le Ministère public évoque le risque de collusion pour le maintenir en détention. Nous ne
comprenons pas la collusion avec qui, avec quoi, et quand. Les faits reprochés remontent à plus d’un an, l’enquête de police a donc largement eu le temps de creuser ce qu’il y avait à creuser. D’autant plus qu’actuellement, la détention de Jérémy* est publique. Si le ministère public imagine qu’il y a des complices, ces derniers ont donc largement eu le temps de se préparer…

L’enquête de police révèle d’ailleurs des pratiques illégales de fichage. Tout laisse à penser que Jérémy* était dans le viseur de la police depuis un certain temps. Son ADN a été prise de manière abusive, son numéro de téléphone également. La police ne prélève pas l’ADN de n’importe qui, tout porte à croire que c’est parce que Jérémy était fiché comme militant que son ADN a été prélevée de manière abusive.

Nous estimons donc que sa détention a une autre raison d’être que la collusion évoquée plus tôt: elle est politique. Le contexte de l’arrestation de notre camarade et ami est bien celui de la criminalisation de l’écologie politique d’une génération qui prend les thématiques climatiques et environnementales très au sérieux. Nous l’avons dit, l’action à laquelle Jérémy est accusé d’avoir participé visait des machines de chantiers appartenant à Lafarge-Holcim. Si vous connaissez déjà ce nom ce n’est pas seulement parce que c’est le premier cimentier mondial et un des plus gros pollueurs du monde. C’est aussi parce que depuis des années maintenant, de nombreuxses militantes et militants suisses pointent continuellement du doigt l’activité destructrice de ce groupe. En octobre 2020, des centaines d’entre elles occupent un terrain appartenant à Lafarge-Holcim qui deviendra la première ZAD de Suisse. Dans le sillage de cette occupation de nombreuses actions contre l’entreprise fleurissent dans tout le pays. Enréponse à cela, les autorités déploient une répression inouïe. L’évacuation de la ZAD en mars 2021 constitue la plus vaste opération de maintien de l’ordre en suisse romande depuis les années 2000 et donne lieu à plusieurs procès.

Les moyens mis en place par les autorités contre les zadistes du Mormont témoignent bien des forces de ce mouvement. Cette lutte a ratissé large, construit un imaginaire collectif et des références communes. L’occupation de la Colline du Mormont a incarné un camp, celui de la préservation du vivant, face au géant Holcim, destructeur du vivant, et dont le rôle dans les pollutions innombrables a sans cesse été passée sous silence dans le débat public. Que Jérémy* ait véritablement participé aux actes de sabotage dont il est accusé ou non, peu importe : on ne peut plus nier qu’une génération de militantes et militants s’opposent par tous les moyens à la destruction du vivant et aux exactions sociales perpétrées par des entreprises climaticides. L’état, plutôt que de soutenir des jeunes qui s’engagent, n’apporte aucune autre réponse que la répression.

Par la mise en détention préventive de Jérémy*, le Ministère public genevois s’inscrit dans cette dynamique répressive des nouveaux mouvements écologistes qui n’attendent plus sur l’inaction des autorités pour passer à l’action. Par la mise en détention préventive de Jérémy*, le Ministère public entend faire d’un cas isolé un message pour toute une génération de militantes et militants. Par la mise en détention préventive de Jérémy*, le Ministère public individualise et isole une lutte collective menée par la génération climat.
Des recours juridiques sont en cours contre sa mise en détention, contre sa prise d’ADN et contre l’utilisation injustifiée de son numéro de téléphone. Mais nous considérons qu’il est nécessaire qu’une mobilisation large se forme. Pour soutenir Jérémy*, nous avons donc créé un comité de soutien. On appelle toutes les personnes et organisations solidaires à rejoindre cette campagne pour Jérémy* et contre la répression du mouvement pour le climat. Il a y un appel à banderoles de solidarité qui tourne, n’hésitez donc pas à faire vos banderoles, à les accrocher, à nous envoyer une photo et les poster sur vos réseaux. On enverra ensuite les photos à Jérémy* pour lui donner de la force à l’intérieur.

Nous refusons le fichage des activistes, nous refusons que la police puisse faire usage de techniques illégales et nous refusons surtout l’enfermement de nos camarades !

Nous n’abandonnerons pas Jérémy*!