Si collusion il y a, c’est bien entre l’état, sa justice et les multinationales responsables du saccage de l’environnement!
Le temps passe et l’enquête stagne. Depuis la mise en détention de Jérémy*, aucun témoin n’a été entendu, aucun suspect n’a été identifié, aucune audience ne s’est tenue. Jérémy* est emprisonné depuis bientôt 3 mois et sa détention va être de plus en plus diffcile à justifier pour le ministère public. Celui-ci semble toutefois être prêt à bafouer les droits de notre camarade pour garnir par tous les moyens un dossier qui jusqu’à maintenant ne tient pas la route. Il y a quelques jours, nous avons appris que les matons avaient volé des carnets de notes personnels de Jérémy*.
En profitant de l’absence de Jérémy* durant un parloir avec sa famille, les matons ont fouillé sa cellule et lui ont soustrait ses cahiers de notes, sans mandat de perquisition et sans que cela n’ait été notifié à notre camarade. L’administration pénitentiaire a ensuite transmis les notes personnelles de Jérémy* à la procureure, Madame Victoria De Haller, qui en a ordonné le séquestre, à nouveau sans en informer Jérémy*. Ce n’est que par hasard, quelques jours plus tard, que ses avocat-e-s ont découvert le vol en consultant son dossier.
Ces faits sont d’une gravité inouïe. La confiscation des carnets de Jérémy* ne représente pas seulement une violation éhontée de sa sphère privée, visant à le priver même du plus petit espace d’intimité, même d’un simple coin de page. Ça bafoue également son droit de défense, étant donné que dans ces carnets, il transcrivait les comptes-rendus des entretiens avec ses avocat-e-s.
Mais comment s’étonner du traitement que subit notre camarade lorsqu’on sait ce qu’est la prison ? La prison qui vise à broyer des individu.e.x.s – et leurs proches – en les privant de toutes leurs libertés. La prison qui anéantit les relations en fliquant les courriers, en empêchant les appels téléphoniques et en octroyant ici et là une pauvre heure de parloir. La prison qui déshumanise les détenu.e.x.s en les entassant dans des bâtiments insalubres, en les fouillant à nu, et en leur retirant toute forme de contrôle sur leur vie et leur intimité.
L’acharnement des autorités sur Jérémy* n’est pas le fruit d’un dysfonctionnement. La triade police-justice-prison réserve un sort tout aussi révoltant à l’ensemble des détenu.e.x.s. A Champ-Dollon, rappelons-le, l’écrasante majorité des prisonnier.e.x.s sont des hommes pauvres, racisés et/ou non-suisses. Leur enfermement est utilisé comme outil de tri social et racial, en d’autres termes, une “gestion des indésirables”. Jérémy* est un prisonnier politique, mais pour reprendre les mots de Parlons Prisons :
En considérant la manière dont sont criminalisées les personnes issues des classes sociales les moins favorisées, les personnes migrantes, les personnes racisées, en considérant la manière dont leur existence est perçue comme un risque pour l’ordre social, comment ne pas concevoir tous·x·tes les prisonniers·x·ères comme politiques ?
Bref, le ministère public ne cesse de prouver sa partialité et son manque de scrupules. Il est continuellement épaulé par les tribunaux, d’abord la cour cantonale qui affirme éhontément que Jérémy* “ne peut s’en prendre qu’à lui-même”, et maintenant le tribunal fédéral qui lui emboîte le pas. La récente décision du tribunal fédéral au sujet d’un autre militant qui avait peint des mains rouges sur Crédit Suisse fait également froid dans le dos : alors que le tribunal cantonal avait donné raison au militant, le tribunal fédéral a asséné que la protection du climat ne justifiait pas de violer la loi.
La détention de Jérémy* a pour l’instant été prononcée pour 3 mois. Début juin, le ministère public décidera s’il souhaite prolonger sa captivité ou non. Ça ne peut plus attendre : Jérémy* ne doit pas passer un jour de plus en prison !