Liberté pour Jérémy* et pour touxtes les détenuexs : retour sur la manifestation du 2 juin

Avec l’affaire de Jérémy*, le ministère public genevois s’est donné pour mission de nous faire peur et de nous diviser. Mais c’est peine perdue. On l’a démontré une fois de plus dans la rue ce vendredi 2 juin.

Plus de 600 personnes se sont rassemblées à 18h30 devant la poste du Mont-Blanc, suite à l’appel à manifester du comité de soutien à Jérémy*. Après quelques mots du comité de soutien, c’est la mère du militant incarcéré qui a pris la parole. L’enfermement frappe de plein fouet aussi les proches; C’est la double, triple peine pour une famille qui sera marquée à jamais par la volonté des autorités de protéger coûte que coûte les intérêts de quelques grandes multinationales, qui accumulent tranquillement des profits toujours plus énormes, au détriment de la planète et de touxtes ses habitantexs. La mère de Jérémy* dénonce dans son discours le côté insoutenable de l’enfermement, et la force que Jérémy* (qu’elle a vu il y a quelques jours) nous transmet depuis l’intérieur.

La banderole “Une attaque contre un = une attaque contre tou.x.tes” a pris la tête du cortège, qui s’est élancé dans les rues des Pâquis vers 19h. Les slogans sur la procureure De Haller (PLR), Holcim et les prisons ont rythmé la manifestation qui est passée par la place de la Navigation, devant l’immeuble emblématique de Crédit Suisse à Bel-Air, l’esplanade de la Treille et jusqu’au palais de justice, autant de lieux symboliques qui résument les enjeux de l’affaire de Jérémy*.

D’abord la question carcérale, car la prison broie les vies des prisonnièr.e.x.s et de leurs proches, en écrasante majorité des personnes racisées, sans-papiers et/ou non-suisses, comme l’a rappelé le collectif Parlons Prisons dans son discours. Cette question est d’autant plus présente à Genève, ville pacifiée et aseptisée au prix de l’entretien d’une des pires prisons d’Europe (Champ-Dollon), prison maintes fois condamnée par la CEDH pour des conditions de détention inhumaines.

Puis la question écologiste, au coeur des motifs de la répression que subit Jérémy*. La grève du climat, les grondements des terres, le collectif Breakfree et l’oncle de Jérémy* ont accusé le ministère public de chercher à faire peur à tout un mouvement écologiste, qui se retrouve derrière les barreaux et devant les tribunaux, tandis que les responsables de la crise climatique continuent leurs activités en toute impunité. Un texte de Lou, qui a été arrêté par la police française avant la manifestation de Sainte-Soline et privé de sa liberté pendant cinq jour avant d’être renvoyé en Suisse, a été lu afin de rappeler que “les grands ne sont grands que parce que nous sommes à genoux”. S’attaquer à un militant écolo c’est s’attaquer à toutes les personnes qui ont pris conscience de l’ampleur de la catastrophe environnementale et qui veulent détruire le capitalisme avant que ce soit lui qui nous détruise. Si la répression est politique, la solidarité le sera aussi!

Et enfin la question de la justice, qui encore une fois semble être à la botte des intérêts du capitalisme et de ses multinationales, en récoltant illégalement le profil ADN de Jérémy*, en utilisant arbitrairement son numéro de téléphone, et en volant ses carnets de notes dans sa cellule sans mandat de perquisition et sans le lui notifier. Une justice qui attend 9 mois avant d’exécuter un mandat d’arrêt et qui ensuite argue de la nécessité d’enfermer Jérémy* pour cause d’une hypothétique collusion. Une justice qui s’acharne à tout prix, qui endosse parfaitement son rôle en essayant de mater les mouvements sociaux et qui ne sera jamais que la marionnette d’Holcim et toute sa clique.

La manif a rassemblé la famille de Jérémy*, venue de loin pour l’occasion, des militant.e.x.s de toute la Suisse romande, les mamans pour Jérémy*, ainsi que des représentantexs du monde syndical et politique. Une fois devant le palais de justice, un rap sur la détention de Jérémy*, écrit par une personne proche assénait :

Est-ce qu’ils comprennent que quand on pousse les gens vers le précipice bah iels s’transforment en millitantexs qui rejettent le pessimisme […] J’sais pas s’ils essaient de nous calmer, ici on s’embrase en pensant à toi, y’a comme un trou dans nos âmes mais, y’a nos souvenirs comme béquille compensatoire, ça suffit à qui une heure de parloir, on devrait fermer notre gueule et remercier? Moi ça m’donne de la rancoeur à garder, à faire grandir puis à pleuvoir!

Nous espérons que le ministère public a entendu le message : pas un jour de plus en prison pour Jérémy*. Mais nous n’oublions pas que pour Jérémy* et pour touxtes les autres, ce sont toutes les prisons qui sont à détruire.